RDV Ancestral … De lieux en lieux

Imaginés par Guillaume Chaix, les rendez-vous ancestraux nous invitent à rendre visite à nos ancêtres, dans leurs époques et cadres de vie …

Une petite lingère que je croyais Nancéenne

Epouse en second de mon Sosa 48

m’interpelle en ce 16 septembre

Marie Désirée Augustine FLEUREAU, est née en 1840 …  Le 14 mars … C’est son père, cultivateur illettré, assisté de deux instituteurs qui déclare la naissance … Au cœur du Loiret dans la petite commune de Trinay … Et moi qui n’avais trouvé trace d’elle qu’à Nancy !!!

Marie, Désirée Augustine (MDA) « voyagera » tout au long des 67 ans de sa vie … Voilà pourquoi elle me fut si compliquée à retrouver.

Fille légitime d’Etienne Florentin FLEUREAU, agriculteur natif du Loiret, et de Julienne, Honorée, Adèle BARBERON, petite fille de meunier, également native du Loiret, MDA naitra troisième des quatre enfants que j’ai répertorié à ses parents.

La famille est durablement installée à Trinay, petite bourgade de la région agricole de la Beauce, peuplée d’environ 430 âmes à la naissance de MDA. Les quatre enfants du couple formé par ses parents y sont nés … Et c’est là que le père de famille poussera son dernier soupir en 1849 … MDA a alors 9 ans, sa sœur cadette n’a pas encore fêté son premier anniversaire ….

« En 1853, alors que j’ai 13 ans, maman se remarie, avec un ouvrier charron … Nous habitons toujours à Trinay, maman, mes deux sœurs et moi … Mon grand frère a déjà quitté le foyer quand  Louis Pierre AUGIS épouse maman« 

Bien des années plus tard, je retrouve MDA mariée avec un négociant … Les bans ont été publiés comme il se doit à Trinay … Et le mariage a eu lieu … à Bienne, canton de Bernes en Suisse, le 15 septembre 1877.

Une frontière et plus de 550 km séparent désormais MDA du reste de sa famille

«  A cette époque, je suis tailleuse, j’ai suivi celui qui deviendrait mon époux … En Suisse … Un grand voyage pour la petite paysanne que j’étais alors … Il m’a même fallu apprendre l’Allemand qui était la langue de ma patrie d’adoption »

Il semble que les activités de négociant de Jean Bonis aient ramenées la famille sur le territoire Français … A Nancy où l’époux de ma petite MDA, devenu courtier, perdra la vie le 13 avril 1888 … Laissant seule MDA avec son petit alors âgé de 14 ans…

« J’avais cessé de travailler à l’extérieur pour me consacrer à mon fils et à mon foyer, quand bien même j’acceptais de temps à autre de pratiquer le métier de lingère à domicile, mais avec le décès de mon mari, j’ai repris le métier à temps plein, il me fallait bien pourvoir tant à mes besoins qu’à ceux de mon fils »

J’avais bien envie de demander à MDA, si c’était dans l’exercice de son métier qu’elle avait fait la connaissance de Joseph, mon confiseur nancéen, alors veuf, qui aurait bien eu besoin d’une lingère pour entretenir ses vêtements … Qui sait ce fut peut-être ainsi que se passa leur première rencontre.

Et à Nancy, bien loin encore de sa terre natale, MDA épousa en secondes noces Joseph Pennequin … à qui il restait peu à vivre … Le mariage fut célébré à Nancy, le 16 avril 1890 et mon confiseur s’éteignit en 1895. Cinq ans à peine après son deuxième mariage, MDA est de nouveau veuve.

Elle mariera son fils unique à Nancy en 1897, et partira à son tour le 20 février 1908,
dans la cité de Stanislas, sans avoir revu son Loiret natal.

Bien que nous n‘ayons elle et moi aucun lien de parenté, elle fut la compagne des derniers jours de mon Sosa 48 et à ce titre, elle a sa place dans l’arbuste généalogique de ma lignée…

Loin de son territoire ancestral, bravant l’endogamie, mère avant d’être épouse
MDA aura brisé le carcan de la condition féminine de son époque

En ce milieu du XIX° siècle où elle nait, le statut de la femme n’a guère changé, immuable depuis la nuit des temps. Abandonnée à son sort de sous-citoyenne par la Révolution, incapable majeur consacrée par le code cil de 1804, la femme n’est rien d’autre que « la fille de »  avant de devenir « l’épouse de »  …

Pire dirais je, en 1849, alors que ma petite Marie Désirée Augustine a tout juste 8 ans, une femme tente de se présenter aux élections législatives … voilà ce qui lui sera répondu :

« L’humanité ne doit aux femmes aucune idée morale, politique, philosophique.
L’homme invente, perfectionne, travaille, produit et nourrit la femme.
Celle-ci n’a même pas inventé son fuseau et sa quenouille
».

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