Il est l’heure du #Généathème d’octobre, ce rendez-vous mensuel initié par Sophie Boudarel, et désormais aux mains de Geneatech.
Le thème de ce mois automnal se veut à l’honneur de ceux de nos ancêtres qui ont donné leur vie à notre patrie.

A l’énoncé du généathème de ce mois, deux noms me sont venus immédiatement … Mon grand-oncle Amador Avilès – que j’ai mis à l’honneur dans un article d’avril 2022 – et Charles Legros, un oncle à la 4^ème génération.

Charles LEGROS, 2^ème conducteur au 19^e ETEM

Charles Legros est né à Paris 17° le 8 mars 1878, second des fils d’Isidore Ernest Auguste Legros, boulanger de son état et de Madeleine HOLENDER.

Grand gaillard d’1m71, à 18 ans, devançant sa classe d’âge, Charles Legros s’engage volontaire pour quatre années, … Il restera en Algérie durant tout son engagement, du 20 mars 1896 au 16 mars 1900, passant du 5^ème régiment des chasseurs d’Afrique à la 6^ème compagnie de cavaliers de Remonte (chargée de réapprovisionner l’armée en chevaux)….
Son engagement dans l’armée vaudra à son frère d’être dispensé « article 21, frère au service »

Redevenu civil à Paris, quelques mois après son retour, le 7 décembre 1901, Charles, maintenant charcutier,  épouse à Paris 18°, ma tante Louise, blanchisseuse, fille de mes Sosa 60 et 61.

Un étrange mariage
Charles a 23 ans et Louise en a 25

Au jour du mariage, le père de Charles est présent et consentant, sa mère est dite « disparue » … Ni le marié ni les témoins ne savent où est son dernier domicile ni si elle est en vie ou non

Si la mariée est accompagnée de sa mère, son père semble absent au jour des noces, il a préalablement donné son consentement le 29 aout précédant les épousailles … Trop occupé pour se rendre au mariage de sa petite dernière ou consentant du « bout des lèvres » et volontairement absent ??

Charles Legros vient de faire son entrée dans mon arbre généalogique.

Je n’ai pas trouvé d’enfants au couple formé par Charles et sa chère Louise … Le couple vivra ensemble à Paris sans doute toujours dans l’appartement qu’ils occupaient avant même leur mariage dans le XVIIIème arrondissement,16 rue Constance.

… Jusqu’à la première guerre mondiale où
Charles est appelé sous les couleurs, il endosse à nouveau sa tenue de soldat
Affecté au 19° escadron du train des équipages militaires

Louise comme tant de femmes de soldats,
 attendra jour après jour du courrier ou des nouvelles de son époux.
Les dernières qu’elle recevra seront terribles :

Legros (Charles), conducteur de 2^ème classe, N° matricule 3153
« Excellent conducteur, a donné les preuves de la plus grande abnégation dans l’exécution de son service… Tué le 19 mars 1918, à son poste, pendant un bombardement »

L’avis officiel de son décès sera donné par le ministère de la guerre le 3 avril 1918
« Mort pour la France »

« L’Escadron du Train ne constituant pas une arme combattante, il n’en est pas moins vrai que par le travail formidable accompli par ses divers éléments, il a contribué pour une grande part à la victoire de nos armées.
Les Allemands s’en étaient d’ailleurs si bien aperçus que pendant la campagne et surtout pendant la dernière année, ils n’ont cessés d’arroser copieusement; nos gares et ravitaillements, nos convois, nos bivouacs. Mais malgré tous ces dangers, l’évacuation des blessés, les ravitaillements en vivres et munitions se sont faits avec une régularité impeccable, provoquant à tous les degrés de la hiérarchie, des citations et des félicitations, dont peuvent s’enorgueillir à juste titre, beaucoup d’Officiers, de Sous-Officiers et Conducteurs du Train des Equipages Militaires.
Soldats, peinant obscurément, en hiver dans la boue et sous la pluie, en été dans la poussière et sous le soleil ardent. Partout ils se sont acquittés sans bruit, d’une tâche souvent ingrate et toujours rude. »

Louise aura en guise de « compensation » pour la perte de son époux, une pension de veuve de guerre

Louise a 42 ans, une vie à continuer, seule, sans époux et sans descendance. Dans un Paris sinistré par la guerre … Je ne sais ni où ni quand elle s’est éteinte à son tour.

Charles LEGROS repose à la nécropole nationale de Bevaux …
Sous une croix blanche qui porte le numéro 1650

Située sur le territoire de la commune de Verdun, la nécropole nationale de Bevaux regroupe les dépouilles, en tombes individuelles, plus de 3 500 corps de soldats français décédés en 1914-1918, morts pour la France, lors des combats de Verdun de 1916 à 1918.