Le rendez-vous ancestral … Mélange de littérature et de généalogie qui consiste à « rencontrer pour de vrai » un de nos ancêtres, sur son lieu de vie, à son époque … Le troisième samedi de chaque mois
… Mais …
Quand vous avez dans votre lignée des ancêtres facétieux …

Que penserait Guillaume Chaix, du blog le Grenier de nos ancêtres, à l’initiative de ce Challenge, en apprenant que je ne me suis pas transportée dans l’espace-temps de Louis Alexandre Leroy, mais que c’est lui qui m’a surprise dans mon époque ??
Une rencontre insolite…
Mon voisin, éleveur ovin, me laisse aller à ma guise regarder les nouveaux nés … 380 cette année … tout doux, tout laineux je les contemple … Les câline un peu aussi et surtout m’amuse de leurs cabrioles
Je profite à la fois du spectacle – ravissant pour la citadine que je suis – et de la bonne odeur de la paille fraiche …
Quand une main sur mon épaule et une grosse voix me font sursauter :
« Que fais-tu là vêtue en homme !!!
« Ha mais qui êtes-vous donc ?? Que vous importe ma tenue !!!
Et que faites-vous dans cette stabulation qui n’est pas la vôtre ? »
« Ha, ça non, ce n’est pas la mienne … Que veut donc dire stabulation ??
Une femme en pantalon, j’aurais tout vu … »

Poursuivant comme s’il me connaissait de toujours, employant mon prénom et me tutoyant cet étrange personnage me dit :
« Je te vois parfois Véronique déambuler dans ces grands prés qui t’entourent mais toi tu ne me vois pas … C’est que je viens de loin, bien loin dans le temps … Et moutons et brebis je connais bien, je connais très bien même »
Tient donc … Serais-je en présence de Louis Alexandre Leroy, mon ancêtre, berger de son état ?? Que diantre vient-il faire ici et maintenant … D’après les règles établies, c’est moi qui devrais me trouver dans les pâturages de Varennes-Jarcy où il exerce son « gardiennage » aux alentours de 1850… A l’occasion de ce Rendez-vous ancestral qui prend une drôle de forme.
Faisant comme si moi aussi je l’avais reconnu du premier coup d’œil, je lui rétorquais :
« Cher, très cher AAAA grand-père … Je ne sais ce que tu fais dans MON 21° siècle, mais sache que le pantalon* est depuis longtemps entré dans la garde-robe des dames »

Faisant fi de ma remarque, Louis Alexandre, m’explique qu’il a choisi d’être berger « Berger de plaine comme vous le dites maintenant » me précise-t-il …
« Vois-tu chère petite descendante, j’aime être dehors et maitre de mon temps … Et puis, seul avec mes bêtes, je suis bien tranquille … Je ne rends de compte qu’à mon retour des pâturages »
Fils et petit-fils de vigneron, né à Varennes-Jarcy le 17 juillet 1823, Louis a convolé le 23 février 1846, avec Caroline Clotilde KNODERER … Il a 23 ans, sa dulcinée en a 19. La noce a eu lieu à Combs-la-Ville, en Seine et Marne … Que de vignerons à ce mariage … le père du marié et les 4 témoins … Contrairement à Caroline qui ne sait pas écrire, Louis Alexandre, déjà berger de son état, signera son acte de mariage … Lequel a été précédé d’un contrat notarié

Combs-la-Ville j’y ai vécu enfant … Jamais je n’y ai vu le moindre mouton ….
Et mon cher ancêtre de m’expliquer :

« que l’Ile-de-France était de son temps la première région de production ovine de France …
Qu’il y était très heureux de vivre ainsi son métier de berger au gré des pâturages, partageant sa vie entre sa roulette « dite de berger » sous laquelle dormaient ses chiens et sa petite maison de village où il retrouvait sa douce »
Il aura au moins 3 enfants avec sa petite blanchisseuse, deux filles et un seul fils qui ne sera ni vigneron ni berger … Je ne sais rien de son décès … Il était en vie en 1885 au décès de épouse
Curieux, instruit, amoureux de son métier tel était mon Sosa 124 … Je soupçonne maintenant qu’il a déniché mon adresse dans ma Dordogne d’adoption, qu’il ne revienne parfois, à l’heure de l’agnelage espionner ces « bergers sédentaires » de cette drôle d’époque qu’est la mienne … Berger de plaine d’un autre temps … Louis Alexandre m’a ainsi rendu une bien étrange visite … Amusant que nous nous soyons rencontrés si loin de son fief qui est aussi ma région natale … Dans une « bergerie moderne » … Que l’on nomme « stabulation »

Et puisque ce rendez-vous ancestral s’est déroulé dans mon espace-temps … Les bergers d’aujourd’hui, moins nombreux qu’autrefois, reviennent peu à peu … Notamment par l’apparition des femmes dans ce milieu … 8 mars, journée de la femme … je ne pouvais pas laisser passer cette date sans un clin d’œil 😊
C’est sur un constat mitigé « Que d’étranges machines autour de cette non moins étrange bergerie » que Louis Alexandre, un regard désapprobateur sur ma tenue, prit congé, me laissant seule … Enfin presque seule … 380 petits agneaux se demandaient à qui je pouvais bien faire ce signe d’au-revoir
Pour pas que ce soit toujours les mêmes qui voyagent, laissons-les venir à nous 😉
Quelle bonne idée cette inversion !
Laissons nos ancêtres venir à nous
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