En ce troisième samedi de juin, le traditionnel rendez-vous ancestral initié par Guillaume Chaix du blog « le grenier de nos ancêtres » est aussi brulant que ce caniculaire premier mois d’été.

Après la période de l’occupation française pendant la Révolution où Sallanches fut chef-lieu d’un arrondissement judiciaire sous le Directoire et le Premier Empire, de 1792 à 1814, la monarchie sarde est restaurée jusqu’au rattachement définitif de la Savoie à la France, en 1860.

Nous sommes le 19 avril 1840, je ne rencontrerai pas mon Sosa Pierre joseph, il a fait une chute mortelle quelles années auparavant … Cultivateur, il aura succombé à 5 heures du soir, non sans avoir reçu les sacrements, laissant pour veuve sa seconde épouse Marie Josephte Pissard …. Et leurs 3 enfants.

C’est ici en Haute-Savoie que sont nés et se sont durablement installés les parents de Pierre Joseph et à Magland [à 10km de Sallanches] que vit la famille et naissent les enfants …. Pierre Joseph né vers 1773/1774 est l’ainé des 3 petits que j’ai répertoriés à ses parents … Devenu adulte, Il s’établira à Sallanches d’où sont natives ses deux épouses.

1/ Le 25 novembre 1817, à Sallanches, Il épouse Marie Véronique Viollat… La mariée, déjà mère d’un fils naturel, a 11 ans de moins que son promis … le mariage sera de courte durée, 6 mois plus tard elle décède en couche … Son petit garçon la rejoindra le lendemain.

2/ C’est une petite journalière de 26 ans sa cadette qu’il épouse en secondes noces, Marie Josephte Pissard … Trois enfants naitront au couple en 1824, 1827 et 1830 pour le benjamin, mon Sosa Jacques Marie Vallet.

Alors que la famille de Pierre Joseph sortira indemne de l’année de la peur bleue, personne ne sera atteint du terrible choléra qui sévissait alors … Une chute, une banale chute emportera Pierre Joseph en 1832, le 11 septembre…. décédé d’une chute une année d’épidémie… Il avait à peine 60 ans.

Marie Josephte, jeune veuve de 32 ans aura deux autres enfants – naturels- …. qui porteront son patronyme : Édouard Pissard-Gibolet (1835-1837) décédé à l’âge de 15 mois et Joséphine Pissard-Gibolet (1837-1839) décédée à l’âge de 21 mois.

En 1840, Marie Josephte veuve de Pierre Joseph vit toujours à Sallanches, avec leurs trois enfants … Et c’est impuissants que le jour de Pâques, ils assistèrent au 7^ème et plus terrible incendie de Sallanches, perdant tout … sauf la vie.

Quand le feu ravage la Haute-Savoie …

19 avril 1840 … Une catastrophe sans précédent … Sallanches anéanti en une journée … 268 maisons sur les 273 du bourg détruites par le feu et plus de 50 victimes … Le déroulement de l’événement est établi grâce au récit rédigé dès le lendemain de l’incendie par un pur sallanchard Jacques Pissard, armurier de son état, que je relie à mon ascendance … par des chemins de traverse

En ce 19 avril 1840, alors que nombre paroissiens sont à la messe Pascale, vers 16 h 30, l’alarme est déclenchée. Un feu s’est déclaré dans la boutique du perruquier, rue Saint-Eloi. Il va très rapidement s’étendre, consumant tout sur son passage … Depuis deux mois il n’avait ni plu ni neigé, les toits de bois étaient très secs et en un instant les flammes attisées par la bise tombèrent sur toute la ville se propageant d’une maison à l’autre par les toits qui s’effondrèrent en feu. « A huit heures du soir, Sallanches n’était plus qu’un vaste tombeau, recouvert d’une épaisse fumée, mêlée d’une vapeur rougeâtre, semblable à un drap mortuaire tacheté de sang », note Jacques Pissard.

Cinq maisons debout, des corps inanimés, des pleurs, de la désolation … Rapidement les secours s’organisent et d’un peu partout arrive le nécessaire : « Près de deux mille personnes, riches et pauvres, vinrent tendre la main pour recevoir le pain de l’aumône. » Et Jacques Pissard d’ajouter : « Les médecins des environs de Bonneville, de Cluses vinrent leur administrer des soins et des remèdes. »

En effet, des dons colossaux furent envoyés pour reconstruire Sallanches … L’ingénieur François JUSTIN s’inspira du plan orthogonal de Turin, l’articulant autour de la Sallanche et de la Frasse. La ville fut rasée et pour la reconstruction des ouvriers de tous corps vinrent travailler à la résurrection de la cité. Nombre d’entre eux se fixèrent à Sallanches, y fondant leur famille.

La première maison construite à  « Sallanches la nouvelle » fut celle de M. Mouthon, tanneur, qui lors de l’incendie sauva la vie de pas moins de trente sallanchards … Reconnaissance d’une cité pour un « héros ordinaire » aujourd’hui oublié…

Marie Josephte Pissard, épouse Vallet, aura en ce jour de 1840, perdu sa maison … Veuve, mère meurtrie par deux décès d’enfants, sans toit … Une vie de larmes … Elle quittera Sallanches et la Haute-Savoie et s’éteindra le 17 avril 1849 à Gilly-sur-Isère … En Savoie… Elle avait 49 ans … Mon AAAA-grand-mère.

Des trois enfants de Pierre Joseph et de Marie Josephte seul le cadet resta à Sallanches où il décéda en 1903, à l’âge de 76 ans …Célibataire, hongreur de son état, sans enfant dans une ville reconstruite.

• De la fille du couple je ne sais rien
• Leur benjamin, Jacques Marie, mon ascendant vivra à Lyon où il fondera sa famille … tour à tour homme de confiance et galocher

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« Pour aller plus loin » «

19 avril 1840… Le 7ème des sévères incendies qui ravagèrent Sallanches … Celui de 1519, « réduisit en cendres ses trois ponts en bois, son église et la presque totalité de ses maisons et de ses archives. Une inondation vint mettre le comble à ce désastre, en ravageant ses terres, et alors comme aujourd’hui, elle trouva dans la bonté de ses souverains l’espérance d’un nouvel avenir. »

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Pour ma part, je vous donne RDV Ancestral après la période estivale …

Les illustrations de Sallanches, avant et après l’incendie sont extraites de :
https://multicollec.net/4-savoie/doc-01/sal-01