Un rendez-vous au débotté

C’est une petite collatérale de la branche paternelle de mon fils qui attire mon attention en ce jour de #Rendez-vous Ancestral … Une rencontre comme les imagine Guillaume Chaix, à l’origine de ces heures hors du temps… Au débotté1

Piqueuse de bottines …

Telle est la profession
de Marie V.

Un rendez-vous tout en discrétion où je n’approcherai pas Marie V.
afin de ne pas la distraire dans son ouvrage.

Marie est née le 23 septembre 1880,
à Cintegabelle, village rural à 45 km de Toulouse

fille de Guillaume et Anne Cazaux …

Native de Haute-Garonne, elle y passera toute sa vie – enfin je pense … je ne suis en possession ni de sa date de décès ni de fait de son lieu de décès – Seul son acte de mariage est soigneusement inscrit dans les « médias » de mon arbre.

A 17 ans, orpheline de mère, elle convolera à Toulouse le 22 avril 1897 … Son père présent aux épousailles aura donné son consentement…. Regardez sa jolie signature, apposée d’une écriture appliquée

Au jour de ses noces, ainsi qu’il est inscrit sur l’acte de mariage, Marie, fille d’un maitre valet, est piqueuse de bottines, tandis que son époux – Vincent Bernard C. – est journalier, fils de journalier

Que dire de plus de cette petite piqueuse de bottine ??

Elle aura deux enfants de son époux :

  • Le premier-né prénommé Étienne verra le jour le 13 janvier 1898 à Toulouse, neuf mois après le mariage … Hélas, ce petit garçon ne vivra que six mois, rendant son dernier soupir le 6 août de cette année 1898.
  • Le second enfant de Marie, Jean naîtra lui aussi à Toulouse le 27 avril 1900 et vivra une vie d’adulte. Il s’éteindra à 58 ans, deux ans avant son épouse… Je ne lui connais pas d’enfant.

Le mariage de Marie ne durera pas au-delà de 1923… Est-ce l’après première guerre mondiale qui aura eu raison de cette union?

Le 10 juillet 1923, le mariage de Marie  V. et Vincent Bernard C. est dissout par divorce.2

Marie a  43 ans,
son fils survivant en a 23

Ainsi, toute ma richesse sur Marie V., collatérale de mon petit et piqueuse de bottine consiste en son seul acte de mariage enrichi de la mention marginale de sa séparation.

Coudre les différentes parties de cuir pour en faire une bottine soit à la main, soit à la machine, voilà à quel labeur Marie s’est astreinte depuis son jeune âge jusqu’à probablement la fin de ses jours …

Jadis chausses sensuelles dont on laissait apercevoir sous les jupons les petits boutons ou les lacets qui les fermaient, les bottines sont le fleuron de l’industrie de la chaussure.

Leur fabrication relève du travail du cuir et requière le savoir-faire de l’homme, l’ouvrier de pied, en charge d’assembler la tige avec la semelle.
Dans un second temps, c’est entre les mains des femmes que passait la précieuse bottine pour le « piquage » , autrement dit la couture du dessus de la tige… Que les bottines soient cousues main, ou que la couture soit mécanisée, les petites piqueuses restaient des heures penchées sur leurs ouvrages, créant de minuscules mais solides points pour rendre si belles ces délicates bottines …
Les yeux fatigués et les mains abimées, les piqueuses de bottines, modestes ouvrières n’avaient pas les moyens de s’offrir ses « affriolantes » bottines qui gainaient de cuir les chevilles des dames plus aisées du XIXème siècle.

Un rendez-vous inattendu, une rencontre imprévue
Un improbable Rendez-vous Ancestral
Au débotté

Bonnes vacances !!!.

« Place aux renvois« 

1 D’où vient cette expression « au débotté » ??

Datant du tout début du XVIIIe siècle c’est à la chaussure montante, la botte, la bottine que l’on doit l’origine de cette expression de débotté , qui désigne au sens premier le moment où le porteur de bottes les ôte, l’instant où il se débotte… Lorsqu’il arrive chez lui,  après avoir longuement chevauché ou péniblement trimé dans les champs.
Le second sens est la notion de surprise lorsque quelqu’un s’approche de façon inattendue avant que le porteur de bottes ait eu le temps de se déchausser, et aujourd’hui plus généralement lorsque l’on aborde une personne sans la prévenir…

2 Les divorces de l’après-guerre

La Première Guerre mondiale a fortement perturbé les couples et les familles en raison des séparations de longue durée liées à l’envoi des hommes au front, et conséquemment de la réorganisation des foyers en l’absence des hommes qui a modifié la place des femmes au sein des ménages. Ces couples qui ont peu à peu appris à vivre ensemble loin l’un de l’autre (tout en ayant des échanges épistolaires nombreux) doivent, au sortir de la guerre, réapprendre à vivre ensemble. Les femmes, qui avaient gouté une certaine forme d’indépendance et s’étaient affirmées dans la gestion des foyers, doivent reprendre leur place de femme et surtout de mère lorsque les hommes reprennent leur place de chef de famille alors même qu’ils ont encore les horreurs de la guerre en tête.

Certains couples ont éprouvé des difficultés à retrouver le cours de leur vie conjugale, comme le montre les sources judiciaires. D’ailleurs, si l’on divorce peu pendant la guerre, on observe une forte hausse des divorces après l’armistice . Plus de 109 000 divorces sont prononcés entre 1919 et 1922 contre 56 750 les quatre années précédant la guerre. (…) les couples mariés depuis 5 à 9 ans, soit entre 1910 et 1917 (nés en général entre 1884 et 1891) font partie des générations les plus touchées par les séparations de la guerre.

Source : Les divorces de la Grande Guerre par Sandra Brée.  2018,
« Les divorces de la Grande Guerre »,

Une réflexion sur “Un rendez-vous au débotté

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