Le traditionnel Rendez-Vous Ancestral initié par Guillaume Chaix me transporte en Picardie, dans la ville de Compiègne où je rencontre mon Sosa Jean-Marie … Dans son époque comme il se doit en ce jour de généalogie-fiction.

Jean Marie est mon Sosa 490 … Génération 9 … Dernier porteur de ce patronyme en ce qui concerne ma branche puisque c’est de sa fille que je descends.

Rencontre au pays de la maille

Bonjour mon cher Jean Marie, tu es mon grand-père ^{puissance x} … Regarde :

Neuf mois après les noces, naissait le premier des trois enfants que je vous ai répertoriés … Un fils prénommé Jean Charles qui vous est venu à 11h30 le soir du 3 octobre 1767, baptisé dès le lendemain … Parrain : Jean Nicolas Paillet  (probablement le frère de Marie Madeleine) / Marraine : Suzanne Loisel (une sœur, une tante … de Jean Marie ??) … je ne trouve plus trace de cet enfant passé sa naissance.

Il faudra ensuite attendre 8 ans pour que vous vienne un deuxième enfant … Une fille cette fois

Marie Claude Loisel, ma Sosa née de votre union
vint au monde le 1er septembre 1775
à Compiègne où vous résidez toujours, rue de l’écu,
à 250 mètres de la place du Marché-aux-Herbes

Un garçon que vous prénommerez comme son père vous viendra ensuite,
vers 1779… Complétant la famille

Ton épouse mon cher Jean Marie ne le verra pas grandir bien longtemps ce petit dernier, elle s’éteindra le 30 septembre 1785 … Vos enfants ont alors respectivement  18, 10 et 6 ans.
Le petit dernier ne vivra que le temps d’être presque devenu un homme, puisque le 20 mai 1793, il s’éteindra dans sa quatorzième année…

Dix-huit mois plus tard le  20 novembre 1794, c’est toi Jean Marie qui pars
à peine âgé de 49 ans,

laissant ta fille sur le point de se marier … Le 31 décembre de cette même année 1794 Marie Claude Loisel, toujours domiciliée rue de l’écu  à Compiègne convole en justes noces… Elle a pour témoins deux amis … Nulle trace de son frère ainé au mariage … Est-il seulement encore en vie ?

Marie Claude Loisel
désormais épouse Benoist
fille du compagnon bonnetier que tu étais
est-elle la dernière de ta lignée mon cher Jean Marie ?

J’ai bien trouvé dans cet ouvrage le patronyme Loisel  :

« En 1720, Christophe Bruncamp maître bonnetier, habitait sous la Fausse-Porte, en bas de la place du Marché aux Fromages, une maison dont le derrière était vis-à-vis le mur du prieuré de Saint-Nicolas au Pont. Il avait épousé Marie-Florence Loisel, une des filles de Thomas Loisel, marchand bonnetier et Marie-Barbe Sarrazin »
Mais je n’ai pas réussi à le relier à mon arbre – peut-être parce qu’il n’y a pas de lien – de plus le sieur Thomas Loisel n’a eu durant ses deux mariages que des filles (5) et comme il n’avait que des sœurs, je suis dans une belle impasse, si tant est que mon Loisel est un tant soit peu de la même famille … Dommage

« Vois-tu, chère petite descendante, le bonnetier est un marchand qui fabrique et qui vend des articles de bonneterie. »

« Cher Papy … Voilà qui est on ne peut plus explicite  😂 »

«  La bonneterie est la fabrication et le commerce d’articles d’habillement en maille, plus  particulièrement les chaussettes et les bas en laine et en coton, qui sont tricotés et non tissés … Comprends tu un peu mieux ?? »

Un petit, tout petit « oui »
m’échappa alors, avant que Jean Marie ne reprenne la parole

« Savais tu, petite descendante que Le mot tricotage  est issu du nom  de l’aiguille à tricoter la « petite trique » qui fut par la suite appelée « tricot » qui donna ainsi son nom à notre travail au 16ème siècle.  Jusqu’au XVe siècle, les bonnets sont faits de tissu par les merciers. nous autres sommes dits  « les tricoteurs »

En ce même XVème siècle  un conflit, opposera les chapeliers, les tricoteurs et les merciers … C’est devant le tribunal de Paris que sera portée l’affaire … Les magistrats trancheront ainsi :

les tricoteurs peuvent adopter la prestigieuse appellation de bonnetier

« Nous les bonnetiers, ( badestamier ou bas-d’estamier) sommes des travailleurs du fil de laine ou de coton, en les tricotant pour obtenir, au départ, des bonnets, puis la bonneterie est devenue une grande productrice de bas…. Nous étions assez nombreux en Picardie et en Haute-Normandie …Veux-tu que je t’explique la différence entre le tissage et le tricotage ?? »

« Heu, oui … bien sûr »

« Le tissage est l’entrecroisement perpendiculaire de fils de chaîne et de fils de trame, il produit de grandes pièces qui sont ensuite transformées en vêtement par les jeux de la découpe puis de la couture tandis que le tricotage voit un fil faire des boucles pour se lier à un fil parallèle, au moyen d’aiguilles à tricoter, on peut donc lui donner la taille et la forme que l’on souhaite … La bonneterie ne fait donc pas référence uniquement au bonnet  c’est le travail de la maille en général, vêtements et accessoires » .

Cette halle détruite en 1430 fut fort mal rebâtie, aussi les bonnetiers préférèrent donc venir s’installer tout à côté, dans la rue Sallabé qui plus tard fut appelée rue des Bonnetiers …Et qui existe toujours …

Nous y voilà arrivé rue de l’écu … Et c’est au seuil de sa porte que je pris congé de mon aïeul, retournant dans mon espace-temps, bien loin des aiguilles à tricoter … en bois.

……….

Le métier de bonnetier était à l’époque de Jean Marie hiérarchisé :

• Il y avait tout d’abord les maîtres bonnetiers qui détenaient une lettre de maitrise et siégeaient au sein de la corporation.
• Venaient ensuite, les compagnons , ouvriers qualifiés, travaillant pour le compte du maitre bonnetier,
• et enfin les apprentis au dernier rang de l’échelle sociale corporative….

Jean Marie LOISEL sera compagnon bonnetier toute sa vie,
jamais il n’atteindra le rang élevé de maitre bonnetier.

……………

A quelques 250 km de Compiègne, dans la ville de Troyes,
un musée est consacré aux bonnetiers et à l’art de la maille